Un camp trop faible est pris en tenaille entre deux grandes puissances. L’une menace déjà son indépendance. L’autre doit alors venir à son aide et s’en rendre maître.
Le Yijing dit : Harassement. Les promesses sont trompeuses.
L’accès à un territoire voisin ne s’obtient pas seulement par de belles paroles. Il faut que la victime comprenne qu’à moins de me laisser entrer, elle n’aura pas seulement à faire face aux menaces de son autre voisin mais à une attaque sur deux fronts.
Le duc de Jin voulait demander au feudataire de Yu de laisser passer son armée afin de lancer une expédition contre le pays de Guo. Le conseiller Xun Xi dit au duc : offrez-lui votre plus beau jade et votre meilleur quadrige et il nous ouvrira ses frontières. Le duc répondit : mais ce jade est un trésor familial et ces chevaux me sont chers. Je crains qu’il accepte le cadeau mais ne consente pas à nous laisser passer… Il n’acceptera pas ces cadeaux s’il nous refuse ce droit. Et s’il y consent, ce sera comme si vous aviez envoyé ces trésors dans les magasins ou les écuries. Le duc acquiesça et envoya Xun Xi porter les deux cadeaux. Le feudataire de Yu eut grande envie de les accepter. Mais Gongzi Qi, son conseiller, l’en blâma : vous ne pouvez accepter cette offre. Guo nous protège comme les lèvres protègent les dents. Si nous accordons le passage à l’armée de Jin, nous tomberons après Guo. Le feudataire ne l’écouta pas et accorda le passage à Jin. Xun Xi mena campagne à Guo, remporta la victoire. Puis, trois ans après, attaqua Yu et détruisit cet Etat. Xun Xi revient triomphalement rapporter les chevaux et le jade à son maître. Le duc commenta : le jade est bien comme avant, mais les chevaux ont vieilli.
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Accorder un droit de passage sur leur territoire afin de laisser un autre Etat poursuivre une expédition militaire était pour les petits monarques un problème épineux. En refusant, ils risquaient de s’exposer à une attaque de la part du demandeur. En acceptant, ils pouvaient devenir l’objet des représailles de la victime de l’expédition. Enfin faire traverser son territoire par une armée étrangère n’était pas dépourvu de risque.
Le petit Etat des Zhou vit le royaume de Qin le prier de laisser passer son armée qui menait une expédition contre Han. Le conseiller du prince de Zhou proposa la solution suivante : nous pourrions tout d’abord envoyer une ambassade auprès du prince de Han en lui laissant entendre que, en échange de l’un de ses territoires, nous nous chargerions d’appeler Chu, ennemi mortel de Qin, à la rescousse. Puis nous enverrions un émissaire à Qin pour porter le message suivant : « Han veut nous forcer à accepter l’un de ses territoires afin de semer la dissension entre votre pays et le nôtre. Nous ne sommes pas en mesure de refuser, de crainte de lui déplaire. » Qin se verrait alors contraint de nous laisser accepter ce don et nous aurions gagné quelque chose dans l’affaire sans pour autant céder aux pressions de Qin.
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