2011-03-20

Stratagème n° 11 : sacrifier le prunier pour sauver le pêcher

Si la situation ne permet pas de toutes les conserver, il faut se débarrasser de ses cartes les plus faibles pour renforcer ses atouts.

Il existe une recette secrète qui consiste à neutraliser les atouts d’un ennemi en utilisant les faiblesses spécifiques de mon propre camp.
C’est ainsi que Sun Bin fit triompher Tian Ji en trois courses. Le général Tian Ji aimait les courses mais ses équipages étaient tous plus mauvais que ceux de ses adversaires. Sun Bin lui dit : pariez. Je me fais fort de vous obtenir la victoire. Or les compétitions se livraient en trois courses. La première pour les chevaux les meilleurs. La seconde pour les chevaux moyens. La dernière pour les plus mauvais chevaux. Avant le départ de la première course, Sun Bin dit à Tian Ji d’engager son plus mauvais équipage contre les meilleurs chevaux des équipes concurrentes. A la deuxième course, le meilleur équipage de Tian Ji courut contre les chevaux de seconde catégorie de ses adversaires. A la dernière, il fit courir ses chevaux moyens contre leurs plus mauvais chevaux. Ainsi, sur trois courses, il en perdit une mais en gagna aisément deux et remporta ainsi l’enjeu du pari. Ceci est une ruse de vrai stratège professionnel. Il est fort difficile à ceux qui n’appartiennent pas au métier de la détecter.
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A la veille des élections présidentielles de mai 1981, Giscard d’Estaing devait affronter un courant d’opinion favorable à son rival. Il jouissait cependant d’un net avantage en matière de connaissances économiques, domaine où sa formation et son expérience l’emportaient de beaucoup sur celles de Mitterrand. Giscard d’Estaing tenta donc naturellement, lors du dernier face-à-face télévisé qui précéda le vote, d’attirer son adversaire sur ce terrain glissant. Or, Giscard d’Estaing procéda alors de façon trop directe. Délaissant le cours normal du débat, il posa crûment une question sans rapport avec le fil des échanges précédents, dans le seul but de démontrer les limites des compétences de Mitterrand. Il lui demanda donc de citer de mémoire le cours du moment d’une devise étrangère. Mitterrand enregistra le faux pas et eut beau jeu de rappeler à son concurrent qu’ils n’étaient pas l’un vis-à-vis de l’autre dans la position d’un professeur qui fait passer un examen à l’un de ses élèves. La carte la plus faible de Mitterrand avait ainsi joué en sa faveur, mettant en relief, la plus mauvaise carte de son interlocuteur auquel l’opinion avait tendance à reprocher son assurance excessive.

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