Tromper vraiment consiste d’abord à tromper puis, ensuite, à cesser de tromper. L’illusion croît et atteint son sommet pour laisser place à une attaque en force. Un coup faux, un coup faux, un coup vrai.
Un mirage ne suffit pas à faire subir à l’adversaire une vraie défaite. Mais le coup qui vient ensuite porte avec une redoutable efficacité.
Quand Zhang Xun défendait la ville de Yongqiu contre Linghu Chao, il fit confectionner mille mannequins de paille par ses troupes. La nuit venue, ces leurres, revêtus d’habits noirs, furent descendus au bout des cordes, jusqu’au pied des remparts. L’armée de Linghu Chao les cribla de flèches, fournissant aux défenseurs une ample moisson de munitions. Une autre nuit des silhouettes glissèrent de nouveau le long des murailles. Les assaillants ne firent cette fois qu’en rire sans plus s’en alarmer. Quelques instants plus tard, cinq cents hommes des troupes d’élite de Zhang Xun fondirent sur leur camp qu’ils saccagèrent, obligeant les troupes de Linghu Chao à battre précipitamment en retraite sur place de dix lis.
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Quand le faux devient vrai, le vrai lui-même n’est plus qu’un mirage. Quand le néant devient réalité, la réalité à son tour bascule dans le néant. La stratégie est l’art du mensonge. Rien n’importe plus que de savoir tromper l’ennemi, de le tromper avec méthode, de le tromper par ses méthodes, de le tromper parce qu’il est sincère, de le tromper parce qu’il est avide, de le tromper en se servant de sa bêtise, de le tromper en se servant de sa subtilité. On peut lancer une fausse attaque, puis frapper réellement, laisser l’ennemi prendre conscience de son erreur et, grâce à cela, le tromper encore. Ainsi, avant d’être tout à fait éventé, le leurre peut-il encore servir une dernière fois, à condition de le reprendre à l’envers.
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