Stratagème n° 05 : piller les maisons qui brûlent

Si l’ennemi vient de subir un grand dommage, sauter sur l’occasion et en tirer profit.

Le Yijing dit : le fort impose sa loi au faible.

Crise dans le palais de l’ennemi : lui arracher un territoire. Crise dans son pays : soulever sa population. Double crise conjointe : tout son Etat est à merci.

Alors que le futur roi Wu des Zhou se préparait à renverser la dynastie des Yin, il envoya un espion chez son adversaire. L’homme vint lui rapporter : Yin est en désordre. Le roi Wu demanda : jusqu’à quel point ? Les calomniateurs l’emportent sur les bons ministres, répondit l’espion. La situation n’est pas mûre, dit le roi Wu. L’espion repartit en mission et revient faire rapport : Le désordre gagne. Le roi Wu demanda : jusqu’à quel point ? Les hommes capables ont commencé à quitter le pays répondit l’espion. La situation n’est pas mûre, dit le roi Wu. L’espion repartit pour une troisième mission. A son retour, il rapporta : Le désordre est à son comble. Comment cela ? demanda le roi Wu. Le peuple n’ose même plus critiquer le gouvernement, répondit l’espion. Bien, dit le roi Wu, et il appela son conseiller Tiagong. Celui-ci approuva son analyse : Quand, à la Cour, des calomniateurs l’emportent, c’est un présage de désordre. Quand les hommes capables quittent le pays, un présage de décadence. Quand le peuple cesse d’émettre des critiques, un présage d’écrasement militaire. Il faut saisir l’occasion. Alors le roi Wu leva trois cents chars rapides, trois mille guerriers d’élite, et, au matin d’un nouveau cycle, le tyran Yin tomba.

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Un allié qui traverse une crise grave peut aussi constituer une intéressante source de revenus.

Gong Tuo avait été envoyé en ambassade à Wei par le prince de Yan. Il était resté plusieurs mois en attente d’une audience sans que le souverain de Wei daigne le recevoir. Quelqu’un demanda à ce dernier : Pourquoi refusez-vous un entretien à l’envoyé de Yan ?Le monarque répondit : Parce que le désordre règne dans ce royaume. Je n’ai pas à accorder d’entretien au représentant d’un pouvoir instable. Son interlocuteur lui dit alors : Si un pays est en désordre, on peut lui soutirer des territoires. S’il est en proie à de moindres troubles, on peut obtenir nombre d’avantages financiers. On dit que Gong Tuo a déclaré : « peu importe combien de territoires il nous en coûtera, peu importe le prix qu’il nous faudra payer, une seule chose compte : c’est qu’ici on nous écoute. » Votre majesté devrait lui accorder un entretien. Le souverain, alléché, fit appeler l’envoyé de Yan.