2011-03-20

Stratagème n° 02 : encercler Wei pour sauver Zhao

Diviser l’ennemi au lieu de renforcer sa cohésion. Porter le coup au-dedans (Yin) non au-dehors (Yang).

On use pour contrôler les mouvements de l’ennemi la technique qui sert à régler le cours des fleuves. Quand l’assaut de l’ennemi est puissant, on doit le détourner à la manière dont on dérive un flot impétueux, en creusant des canaux. Quand il est faible, il faut entrer dans ses interstices comme on élève des digues là où le flot a perdu sa force.
Alors que le royaume de Qi se préparait à porter secours au royaume de Zhao que le royaume de Wei avait attaqué, le stratège de Qi qui avait la charge de mener l’expédition dit : un nœud enchevêtré ne se défait pas en tirant dessus à toute force. Celui qui veut porter secours à un ami en difficulté à garde de se jeter lui-même dans la mêlée. Il faut frapper au point vital en tirant parti des faiblesses du dispositif ennemi. On pourra alors bloquer celui-ci et le nœud se défera tout seul. Les troupes d’assaut de Wei se sont portées aux abords de la capitale adverse, laissant leur propre territoire à la garde de vieux et jeunes réservistes, inaptes au combat. Attaquons donc à notre tour la capitale de Wei sans perdre de temps. Occupons la place et notre adversaire sera obligé d’abandonner sa proie pour sauver son royaume. En une seule opération, nous aurons ainsi libéré Zhao et mis Wei en mauvaise posture.
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Si l’on attaque sur un point dur, le coup s’émousse. Si l’on tire parti d’une faille, le coup pénètre. Si l’on attaque les points forts de l’adversaire, ses points faibles mêmes en sortent renforcés. Si on attaque un point faible, ses points forts perdent leur force. Eviter le plein, attaquer les vides.
Tel est le principe que le boucher Baoding exposa au roi Wenhui. On raconte que ce roi s’émerveilla de voir le boucher découper un bœuf avec une parfaite aisance. Il lui demanda son secret. Le boucher répondit qu’il ne rencontrait dans son ouvrage pas la moindre résistance car il s’appliquait à suivre les fentes de la carcasse du bœuf de la lame de son couteau : la charpente des os offre de multiples interstices, et la lame de mon couteau est mince. Une lame mince qui entre dans une large fente trouve assez de place pour s’y mouvoir aisément. Les bouchers ordinaires doivent changer chaque année leur couteau. Cela fait dix-neuf ans, quant à moi, que j’utilise le même, et il n’est pas usé.
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Le prince de Wui dit : Chu accentue sa pression sur ma frontière sud. Han attaque ma frontière nord. Qi se rapproche dangereusement de ma frontière est. Qin menace ma frontière ouest. Yan me coupe toute possibilité de passage sur mes arrières. Je suis cerné sur tous les fronts par ces six pays. C’est une situation fort inconfortable. Que dois-je faire ? Son conseiller répondit : L’armée de Chu est disciplinée mais peu résistante. Les gens de Chu sont d’un tempérament faible. Leur territoire est vaste. Leur administration tatillonne. Le peuple s’épuise à la tâche. Pour attaquer cette sorte d’ennemi, il faut lancer un raid contre leur camp afin de leur ôter dès l’abord toute envie de combattre. Puis procéder par assauts rapides et replis immédiats pour les épuiser sans jamais livrer une bataille rangée. C’est ainsi que l’on peut venir à bout de leur armée.
L’armée de Han est bien organisée mais inutilisable. Le tempérament de leurs habitants est calme. Leur administration, équilibrée. Leur peuple, épuisé par la guerre. Il connaît fort bien le maniement des armes, mais n’a que peu de respect pour ses officiers et considère la solde insuffisante. Ses soldats n’ont donc nulle intension de mourir au combat. Pour attaquer ce genre de troupes, il faut organiser une formation compacte et la lancer contre leurs lignes. Quand leur armée monte au combat, lui barrer le passage. Quand elle fuit, la poursuivre jusqu’à ce qu’elle soit épuisée. 
L’armée de Qi est puissante mais instable. Car le peuple de Qi est dur, son pays est riche, mais son prince et ses ministres sont orgueilleux et prodigues. Ils n’ont aucun souci du petit peuple. Son administration est laxiste. La solde de ses officiers n’est pas équitable. L’armée nourrit donc certainement des sentiments de rébellion. Ses premiers rangs sont puissants, mais non ses rangs arrière. Pour attaquer cette sorte d’armée, on doit organiser les troupes en trois corps. Attaquer les flancs droit et gauche avec les deux premiers, lancer un assaut direct avec le troisième et l’on verra alors le dispositif adverse s’effondrer.
L’armée de Qin est composée de petites unités qui supportent mal la discipline. Le peuple de Qin est violent, son territoire accidenté, son administration est sévère. Son système de châtiments et de récompenses est efficace. Dans ses troupes on se bat pour être le premier à affronter l’ennemi. Ses guerriers ne rêvent que plaies et bosses. Aussi l’armée de Qin va-t-elle dispersée à la bataille et se bat bat-elle sans attendre les ordres. Pour l’attaquer, il suffit de disposer un appât et de l’attirer. Ses guerriers avides de profit oublieront alors leurs officiers. Il suffira alors de donner la chasse aux petits groupes isolés, de préparer un piège et l’on pourra s’emparer de leur général.
L’armée de Yan sait se défendre mais pas attaquer. La caractéristique des gens de Yan est l’honnêteté. Ce peuple est prudent. Il aime la bravoure, le sens de l’honneur et prise peu la ruse. C’est pourquoi son armée peut assurer une défense solide, mais ne sait pas passer à l’offensive. Contre eux, il faut procéder à des attaques rapides et se retirer très vite après avoir frappé, tout en les harcelant sur leurs arrières. Cela créera dans leur camp doute et crainte, aussi bien chez les officiers que chez les simples soldats. Il faut placer des cavaliers en embuscade pour couper leur retraite et leur général tombera à notre merci.
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De grandes pluies inondèrent la Plaine centrale sous le règne de Shun. Le roi chargea Gun, responsable des travaux publics, de remédier au désastre. Gun épuisa la population pendant toute une année à construire des digues. En vain. Finalement, il fut démis et exécuté. Son fils Yu reprit sa charge. Yu procéda de la manière inverse. Au lieu de faire surélever le niveau des terres, il fit ouvrir de larges brèches dans les montagnes, creuser de nombreux canaux et drainer le cours des fleuves afin de faciliter le passage des eaux, qui furent utilisées pour l’irrigation des champs. L’entreprise de Yu réussit et sa popularité devint si grande que le roi Shun abdiqua en sa faveur.

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