2011-03-20

Les 36 stratagèmes

Les 36 stratagèmes : livre secret de l'Art de la Guerre


En 1939, sur un marché de Chine du Nord, un officiel du Guomindang découvre un livre de recettes d'immortalité. A la fin de l'ouvrage se trouve un court traité de stratégie militaire : Les 36 stratagèmes. Ce recueil secret datant probablement de l'époque de la dynastie des Ming (1366 à 1610) est un traité chinois de stratégies qui décrit les ruses et les méthodes qui peuvent être utilisées pour l'emporter sur un adversaire.
Promu au rang de nouveau classique à l’instar de l’Art de la guerre de Sun Tzu, il est utilisé comme ouvrage de référence en matière de stratégie industrielle, commerciale, politique ou militaire par les nouvelles puissances d’Asie. Le rôle important de la pensée stratégique en Chine est resté largement inconnu en Occident.
La notion de stratagème qui y est développée n’est pas restrictive. On trouvera des méthodes applicables aux plus petits moyens tactiques et d’autres qui concernent les modèles stratégiques les plus larges ou les choix majeurs de grande politique. Le traité n’établit pas de distinction entre ces degrés mais les rassemble au même titre en tant qu’exemples d’entorses à la règle courante. Cet ouvrage est avant tout un recueil d’exceptions.
***
Ce livre contient certes une liste de recettes mais ne peut rien dire des calculs sur lesquels repose leur mise en pratique. Croire à l’art pour l’art en matière de stratégie, n’avoir en tête que les mille configurations de l’art des ruses pourrait faire oublier que le choix de l’une d’entre elles doit être d’abord le fruit d’une rigoureuse évaluation. Ceci peut souvent conduire à l’échec. Car ruses et subterfuges doivent prendre pour fond le cours normal des événements et ne rien laisser paraître qui heurte le bon sens. La moindre étrangeté en leur développement attirera les regards, éveillera la suspicion et chacun aura tôt fait d’éventer le complot. Car il ne faudrait en aucun cas confondre les ombres redoutables des stratagèmes et celles de ses rêves.
En matière de stratégie, au commencement est le calcul. Avant même le début des hostilités, il faut déjà avoir une idée claire de la bêtise ou de l’intelligence des commandants en présence, connaître les points forts et les point faibles de chaque camp, le nombre de troupes, ne rien ignorer de la nature du terrain où se dérouleront les opérations et savoir sur quelle quantité de provisions chaque armée peut compter. Dès lors on peut commencer. Stratagèmes des cent espèces de bataille, dynastie des Song.
Le choix du stratagème et du moment favorable pour le mettre en œuvre dépend avant tout de la nature de la faille qui au fur et à mesure du développement du jeu se révélera dans le dispositif adverse.
Les stratèges veillaient d’abord à ne laisser à l’ennemi aucune chance de l’emporter sur eux puis attendaient que l’ennemi leur offre une possibilité de victoire. Ne laisser à l’ennemi aucune chance de l’emporter dépend de moi. Me donner une possibilité de victoire dépend de l’ennemi. Le stratège peut veiller à remplir la première condition, il ne saura forcer l’ennemi à donner prise à ses coups. L’Art de la guerre, Sun Tzu.
Un trait de faiblesse chez l’ennemi, un projet stratégique mal conçu, une avancée trop hardie dont il n’est pas en mesure d’assurer la suite sont autant de signes prometteurs et d’indications quant à la nature du stratagème à appliquer. La première étape du jeu est donc un moment de calcul et de patience qui permet, quand la situation est mûre, de tirer parti du point tournant que l’on appelle occasion.
La voilà qui surgit, c’est elle : l’occasion. Mais un instant passe et déjà elle s’est enfuie. On la saisit au vol : c’était bien elle l’occasion mais le temps d’un battement de paupière et déjà elle s’est évanouie. Classique des armes en cent chapitres, Dynastie des Ming.
***
Le stratagème devient pareil à un pivot qui permet grâce à une légère poussée de renverser le rapport de force précédent, ou, si l’on préfère, pareil au coup de pinceau qui ouvre les yeux du dragon. On raconte qu’un peintre célèbre exécuta jadis une grande fresque représentant deux dragons, sur un mur du palais impérial. Les deux figures étaient si majestueuses et serpentaient avec tant de puissance que tous ceux qui voyaient l’image avaient le souffle coupé et ne pouvaient s’empêcher de pousser des cris d’admiration. Un détail cependant étonnait : l’artiste avait omis de peindre leurs prunelles.
L’empereur s’en inquiéta et en demanda la raison au peintre. Si je donnais cet ultime coup de pinceau, Majesté, il est à craindre que vous n’ayez plus de fresques. Le monarque rétorqua : qu’est-ce que ces bêtises ? Veuillez achever votre œuvre… Le peintre à contrecoeur, prépara donc son encre et de la pointe du pinceau ajouta une dernière touche dans les yeux des deux dragons. Une épaisse fumée emplit soudain la grande salle du palais et dans un vacarme assourdissant les deux bêtes fantastiques sortirent du mur puis, après avoir pris leur élan, s’élancèrent d’un bond dans l’azur du ciel où elles se fondirent.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire